On observe souvent que les langues ne peuvent se suffire à
elles-mêmes, c’est-à-dire qu’elles ne peuvent répondre à tous les
besoins de communication de leurs utilisateurs sans emprunter à
d’autres langues. Rien de plus normal en effet que des mots d’une
langue contribuent à dynamiser un autre système linguistique en
s’ajoutant aux ressources de celui-ci. Il en est ainsi pour le français
qui, au cours de son histoire, a emprunté au grec, au latin, à
l’italien, à l’anglais, etc. Mais les langues n’évoluent pas selon leurs
propres fins, indépendamment des personnes et des groupes qui
les parlent. La question de l’emprunt linguistique ne se pose donc
pas d’une manière identique à l’intérieur de toutes les sociétés
parce qu’elle ne suscite pas la même dynamique de rapports
de forces et de pouvoir