L'eau n'est un enjeu politique immédiat que dans des zones bien précises: Moyen-Orient, Afrique des Grands Lacs.. Dans ces régions, se cumulent les facteurs de tension: les réserves en eau sont faibles, la population, avec la diffusion de la médecine, a crû considérablement durant les dernières décennies, les agriculteurs trop nombreux se disputent une terre rare et surexploitée, de grands projets d'industrialisation, visant parfois à satisfaire la mégalomanie des dirigeants, ignorent les contraintes naturelles, enfin, couronnant l'ensemble, les rivalités politiques sont multiples… Au Moyen-Orient, l'eau est un facteur d'antagonisme parmi beaucoup d'autres. L'élément déterminant est la situation politique, la présence d'Etats ne s'acceptant pas les uns les autres. Demain, si la paix s'installe, l'eau, que l'on se dispute âprement, sera nécessairement l'un des domaines-clé de la coopération entre anciens belligérants: l'eau étant rare, la paix ne s'enracinera que si cette ressource fait l'objet d'une exploitation commune. Désormais tout processus de paix inclut l'eau, la réconciliation entre des peuples exigeant qu'ils reconnaissent comme communs des éléments qui les séparaient. Ce qui change ici, c'est moins la perception de l'eau – certes de plus en plus indispensable, puisque de plus en plus consommée – que l'approche de la paix. Celle-ci ne doit plus être une simple trêve entre deux guerres, mais une démarche construite, établissant une entente durable entre des peuples par des projets communs sur de enjeux vitaux. Eau et paix se retrouvent liées.