Toute la famille fut convoquée et réunie dans la maison du Hadj dès le mercredi soir. La tante Aïcha s'activait comme une folle. Les deux frères, avec femmes et enfants, étaient arrivés, inquiets et impatients. Les cousins proches et lointains furent aussi invités. Lalla Radhia s'était enfermée avec l'épouse du Hadj. Personne n'avait le droit de la déranger. Des femmes noires préparaient le dîner dans la cuisine. Vers minuit on entendit des gémissements : c'étaient les premières douleurs. De vieilles femmes en appelaient au Prophète Mohammed. Le Hadj faisait les cent pas dans la rue. Ses frères tenaient un conseil de guerre. Ils se parlaient à voix basse dans un coin du salon. Les enfants dormaient là où ils avaient mangé. Le silence de la nuit n'était interrompu que par les cris de douleur. Lalla Radhia ne disait rien. Elle chauffait des bassines d'eau et étalait les langes. Tout le monde dormait sauf le Hadj, la sage-femme et les deux frères. A l'aube, on entendit l'appel à la prière.